Poomse signifie « forme ». Les poomse sont des enchaînements codifiés de techniques offensives et défensives, représentant un combat contre un ou plusieurs adversaires imaginaires. Reprenant toutes les techniques de base du taekwondo, les poomse ont été conçus de façon à ce que les pratiquants puissent s’entraîner même en l’absence d’un partenaire.
Les poomse constituent un exercice autant physique que mental. Dans la pratique traditionnelle, le poomse est un travail de perfectionnement, qui permet de développer des qualités de force et de concentration, mais aussi d’équilibre, de vitesse, d’endurance et de détermination. Par la combinaison de ces qualités, les poomse dégagent un sentiment de maîtrise et une forte dimension esthétique que certains associent à une manifestation artistique, bien qu’il ne s’agisse pas de leur objectif premier.
Le tracé des poomse, élaboré par un comité spécial de la Korea Taekwondo Association, correspond à des symboles liés aux sens donnés aux poomse. Par exemple, certains poomse supérieurs suivent le schéma formé par des idéogrammes chinois, ayant une signification en rapport direct avec les poomse en question (Keumgang, symbolisant la montagne, s’appuie sur le tracé de l’idéogramme chinois signifiant « montagne »).
On compte 17 poomse au total. Les huit premiers, appelés les poomse taegeug, sont basés sur les huit trigrammes issus du Livre des Mutations. Ce sont les palgwe, ou huit signes divinatoires. Ils représentent les éléments naturels, dont quatre d’entre eux (ciel, terre, feu, eau) sont présents dans le drapeau coréen. Chaque trigramme est composé de trois éléments, les grandes barres ( – ) symbolisant le yang et les deux petites barres ( – – ) le yin (eum en coréen). On comprend ainsi que les poomse sont étroitement liés à la philosophie taoïste du eum et du yang.
Entouré des huit palgwe, le signe du eum et du yang se compose des éléments complémentaires bleu et rouge pour former le taegeug, symbole de l’univers. Tae signifie « grandeur » et geug « éternité ». Le taegeug dont s’inspirent les poomse est un grand tout qui participe à l’harmonisation des forces contraires.
Par le travail des poomse, le pratiquant de taekwondo applique aussi les principes du taegeug : lorsqu’il effectue ses techniques, son corps doit être parfaitement détendu, puis totalement contracté lors de l’impact. Il doit inspirer lors de la préparation d’une technique, et expirer lorsqu’il l’exécute. La perfection du poomse naît alors de sa capacité à équilibrer les forces complémentaires du eum et du yang.
Poomse Taegeug
Il Jang
Ce poomse symbolise le ciel. Il est associé au principe philosophique keon du palgwe, issu du Livre des Mutations. C’est le gwe principal. Il représente la force créatrice issue de la combinaison du yin et du yang (eum et yang en coréen). Il doit être réalisé avec force et agressivité.
C’est un poomse d’initiation, destiné aux pratiquants à partir de la ceinture blanche. Les positions et les mouvements sont simples, de façon à le rendre accessible aux débutants.
Yi Jang
Ce poomse symbolise le lac. Il est associé au principe philosophique tae du palgwe, qui représente la joie, le plaisir. On peut l’associer à un lac empreint de sérénité. Ce poomse doit être réalisé avec fluidité et harmonie, sans agressivité.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture jaune.
Sam Jang
Ce poomse symbolise le feu. Il est associé au principe philosophique li du palgwe, qui représente le feu, le soleil. Le feu peut être source de chaleur et de lumière, tout comme il peut être source de destruction. Comportant des techniques plus variées que les deux poomse précédents, le poomse doit être réalisé tantôt avec puissance, tantôt avec vivacité.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture jaune.
Sa Jang
Ce poomse symbolise le tonnerre. Il est associé au principe philosophique jin du palgwe, qui représente le tonnerre, une puissance capable se déchaîner en un éclair. Il évoque aussi le courage des hommes face au danger que cela représente. Le poomse doit être réalisé avec force, maîtrise et équilibre.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture bleue.
Oh Jang
Ce poomse symbolise le vent. Il est associé au principe philosophique seon du palgwe, qui représente le vent, à la fois doux comme la brise et violent comme une tempête. Il alterne entre les techniques exigeant légèreté et souplesse, et les techniques exigeant puissance et dynamisme.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture bleue.
Yuk Jang
Ce poomse symbolise l’eau. Il est associé au principe philosophique gam du palgwe, qui représente l’eau, capable de contourner tous les obstacles rencontrés sur son chemin. Le poomse doit être réalisé avec souplesse et fluidité.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture bleue.
Tchil Jang
Ce poomse symbolise la montagne. Il est associé au principe philosophique gan du palgwe, qui représente la montagne, symbole de connaissance et de sagesse. Il doit être effectué avec force et stabilité, sans précipitation. La multiplicité des techniques présentes dans ce poomse rappelle que le taekwondo fait appel à toutes les armes naturelles du corps.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture rouge.
Pal Jang
Ce poomse symbolise la terre. Il est associé au principe philosophique gon du palgwe, qui représente la terre, source d’énergie. Complémentaire du premier gwe, le keon, il met fin au cycle des taegeug et ouvre la voie vers l’apprentissage des poomse supérieurs.
Il est destiné aux pratiquants à partir de la ceinture rouge. Ce poomse est nécessaire pour obtenir la ceinture noire.
Poomse supérieurs
Koryo
Koryo fait référence à une ancienne dynastie coréenne (918 – 1392), d’ailleurs à l’origine des traductions anglaise (Korea) et française (Corée) désignant le pays du Matin Calme. Cette dynastie est connue pour son bouddhisme florissant, ses accomplissements culturels et sa lutte contre l’invasion mongole. Les arts martiaux coréens y connurent un âge d’or.
Le poomse exprime la détermination avec laquelle de nombreux adversaires sont repoussés.
Keumgang
Keumgang fait référence à un mont situé au centre de la Corée. Symbole de solidité mais aussi de beauté, cette montagne de diamant était considérée comme un lieu sacré, idéal pour les coréens intéressés par la méditation et la recherche spirituelle.
Littéralement, Keumgang signifie « dureté » et renvoie à une chose trop dure pour être cassée. Ainsi, le poomse doit exprimer une puissance et une stabilité sans faille.
Taebaek
Taebaek est l’ancien nom du mont Paektu, situé à la frontière sino-coréenne. Son histoire apparaît dans le mythe du fondateur coréen, Tangun, qui serait né là-bas. Signifiant « montagne lumineuse », Taebaek représente le lien entre le Ciel (partie supérieure de l’idéogramme), la Terre (partie inférieure) et l’Homme (au milieu).
Pyongwon
Pyongwon signifie « plaine » et fait référence à l’histoire de la civilisation coréenne. En effet, les hommes migrèrent progressivement des montagnes vers la plaine, devenue source d’abondance et de vie. Le diagramme et les techniques exécutées évoquent la présence d’hommes joyeux dansant dans cette plaine.
Ce poomse a la particularité de tenir sur une seule ligne.
Sipjin
Sipjin représente le système décimal. Il fait référence à une croissance systématiquement ordonnée et un développement permanent. Le poomse recherche la stabilité dans l’enchaînement des mouvements, tant dans les phases rapides que dans les phases lentes.
Jitae
Jitae est associé à la terre, origine et terme de la vie. Toute forme de vie provient de la terre, y vit et sera amenée à y retourner un jour. Le poomse exprime cette vitalité. Il doit être réalisé avec puissance.
Chonkwon
Chonkwon représente le ciel. Considéré comme la puissance créatrice de l’univers, le ciel, dans son infinité, inspire aux hommes à la fois crainte et dévotion. Le poomse est ainsi associé aux notions de piété et d’humilité devant cette grandeur.
Hansu
Hansu représente l’eau. Source de vie et de croissance, l’eau s’écoule sans cesse et peut s’adapter à n’importe quel environnement. Le poomse doit être effectué avec fluidité.
Ilyeo
Ilyeo représente l’unité entre le corps et l’esprit. C’est l’aboutissement du taekwondo. Toute l’attention du pratiquant doit être focalisée sur chacun de ses mouvements, sans autre pensée ni préoccupation. Dans le bouddhisme, cet état ultime, aussi appelé l’Éveil ou le Nirvana, ne peut être réalisé qu’avec l’extinction des désirs.